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Lorsque nous nous étions vus à Annecy
l'année dernière, vous nous aviez présenté
le film pilote de Tekkon KinKurito, un projet d'adaptation
en long métrage de la BD d'Amer Béton. Où
en est ce projet aujourd'hui ?
Nous avons terminé d'écrire le scénario,
mais pour l'instant, la production du film est en stand by.
En fait, nous nous sommes lancés depuis sur un second
projet de dessin animé, plus court, coproduit avec
les États-Unis, qui passe avant Amer Béton.
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Je ne peux pas encore vous en dévoiler le nom. J`aimerais
beaucoup vous en parler, mais je n'ai pas le droit. (NB : interview
d'Octobre 2000, il sous-entendait Animatrix)
En dehors de ce projet, qu'avez-vous fait depuis un an ?
J'ai travaillé sur quelques spots publicitlaires, et sur une
série pour la télévision de 53 séquences
de 30 secondes chacune intitulée Eikyû kazoku (La famille
étemelle). Actuellement je travaille pour réaliser de
nouvelles séquences qui viendront lier ces petits morceaux
discontinus, et donner au final une œuvre un peu plus longue,
qui devrait faire environ 40 minutes. Elle sortira ensuite en vidéo
et en DVD.
Vous avez travaillé ces dèrnières années
sur une multitude de programmes : des courts métrages, des
clips ou encore des publicités. Malheureusement, il est assez
difficile de voir ou de se procurer toutes ces productions. Est-il
prévu une quelconque sortie ?
C'est exact, car la plupart de ces productions ne sont pas forcément
destinées à être vendues. Les producteurs et ayants-droits
divers sont multiples et il n'est pas facile de réunir tout
ce travail. Toutefois, il est possible que sorte l'année prochaine
un DVD qui regroupera certains de mes travaux comme Noiseman, le clip
Extra, certaines publicités ou les oeuvres des films dits "omnibus"
auxquels j'ai participé (Magnetic Rose de Memories, Franken's
gear de Robot Carnival ...).
De la même façon, n'avez-vous jamais songé
à publier un art-book qui rassemblerait tous vos travaux ?
J'avais commencé, dans ce but, à regrouper des esquisses
et des brouillons, mais comme j'ai toujours trop de travail, je n'ai
pas terminé mes recherches. J'ai quand même bon espoir
de voir tout ceci aboutir dans le courant de l'année prochaine.
Par ailleurs, je me suis mis depuis peu à dessiner un manga.
C'est une activité que je n'avais encore jamais exercée
jusqu`ici, et je dois rendre mes premières planche dans dix
jours. Il devrait être publié dans les prochaines semaines
dans le magazine Comic Q.
Mangaka est un métier très prenant. qui demande
beaucoup de temps. Arriverez-vous à tenir le rythme effréné
des dessinateurs japonais ?
En fait, le magazine ne sort qu'une fois par saison, soit quatre
numéro seulement dans l'année. Je pense que cela me
laissera le temps de dessiner ma BD à mon rythme, sans que
cette nouvelle activité n'accapare tout mon temps, d'autant
que chaque chapitre ne fait que huit pages.
De quoi traite ce manga ?
Ce n'est pas facile à décrire... C'est une histoire
en "loupe", comme je l'appelle, qui raconte ce qui se passe
dans la tête d'une personne. En fait, l'histoire commence et
finit au même endroit, elle tourne en boucle. C'est un thème
que j'affectionne particulièrement et que j'ai souvent abordé
dans mes films. J'aime bien quand on ne sait pas si nous sommes dans
la réalité ou dans le domaine du rêve et du fantastique.
Par exemple, à cet instant, je suis avec vous à Paris,
mais peut-être que dans une minute. je vais me réveiller
et je serai chez moi, devant mes toilettes ! Voilà comment
on pourrait résumer l'ambiance de ce manga.
Un bon nombre de longs métrages au budget important
sont actuellement en production au Japon : Metropolis de RIN TARÔ,
Vampire Hunter D de KAWAJIRI... Êtes-vous impliqué dans
l'un d'eux ?
Non, je n'y participe pas. En revanche, je vais souvent boire un
pot avec ceux qui travaillent sur ces films comme des fous (rires)
Les derniers films qui sont sortis au Japon comme Spriggan,
Jin-Roh ou même Memories n'ont pas rencontré un très
grand succès, bien qu'ils aient coûté souvent
très cher. Pensez-vous que le cinéma d'animation soit
en difficulté au Japon, et que l'avenir risque d'être
difficile pour ces réalisateurs ? Bien sûr, je mets de
côté Princesse Mononoké qui reste, à ce
jour, une exception ...
Les films qui font de grands succès au Japon sont d'abord
les films commerciaux comme Pokémon, et tous les autres qui
sont dérivés de séries qui ont déjà
un grand succès à la télévision. Pour
ma part, je ne m'inquiète pas car c'est ainsi depuis longtemps.
MIYAZAKI est certes aujourd'hui très connu, mais pendant des
années, il a réalisé des films qui n'avaient
pas le succès d'aujourd'hui. MIYAZAKI a par ailleurs bien compris
qu'en visant un public d'enfants et en réalisant des films
plutôt divertissants, il touchait un public beaucoup plus large.
Akira ou les autres films que vous citez, sont des films souvent plus
spirituels, destinés à un public de connaisseurs, plus
âgé et beaucoup moins nombreux. Malgré tout ce
système fonctionne ainsi parfaitement depuis longtemps. Au
Japon, la production est très importante, mais chacun y trouve
son compte je ne crois pas que cette industrie soit menacée
aujourd'hui.
Nous avons quand même entendu dire que le prochain
film d'ÔTOMO, Steamboy, en projet depuis des années,
était actuellement assez compromis ...
C'est exact, mais le problème sur ce film ne se pose pas du
tout sur le plan du financement ou des producteurs, mais plutôt
du côté d'Ôtomo qui a du mal à imposer ses
idées. C'est pour cette raison que la production est pour l'instant
en attente.
Vous avez dessiné, pour le magazine Animage, une illustration
sur le film de Tim Burton "Sleepy Hollow". Est-ce quelqu'un
que vous af/ectionnez, et quels sont vos goûts en matière
de cinéma ?
J'aime beaucoup les premières œuvres de Tim BURTON, car
depuis qu'il s'est marié, je trouve que ses films sont beaucoup
moins amusants ! Actuellement, je redécouvre le travail de
David LYNCH, notamment des longs métrages comme Lost Highway,
ou son dernier film Straight Story (Une histoire vraie).
Dimanche soir vous allez animer une soirée au MCM
Café en tant que DJ. Avez-vous, comme cela, d'autres activités
que I'on ne soupconne pas chez vous ?
Vous savez, il y a une chose que j'ai en horreur, ce sont les étiquettes.
Je n'aime pas qu'on dise que je suis un spécialiste de l'animation.
Il y a une foule de domaines qui me passionnent, et ca va de l'animation
en passant par la musique ou la BD. Hier je réalisais un dessin
animé, demain je serai DJ et je suis incapable de vous dire
ce que je ferai après-demain. Du moment que cela m'intéresse,
je le fais sans me préoccuper de ce qu'on dira de moi, ni du
nom que j'ai pu me faire dans l'un de ces domaines.
Quel genre de musique écoutez-vous ?
De la techno, de la trans, mais encore une fois, je n'écoute
pas que cela.
Merci M. MORIMOTO.
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Interview réalisée par Olivier FALLAIX et traduite par
Sahé Cibot
Remerciements à Tonkam